Shiai et arbitrage
Mardi 17 mai 2005
C'était un cours un peu spécial : pour une fois, nous avons installé un shiaijo au beau milieu du dojo, ce qui prenait une bonne partie de la place, surtout avec la table d'arbitrage en plus.
Le
cours était destiné à familiariser un peu les débutants avec les règles
de compétition en particulier ; les plus anciens ont pu pratiquer un
peu l'arbitrage, et nous avons pu pratiquer un peu le shiai et observer un peu les anciens arbitrer en profitant de nombreuses explications sur divers points de règles et d'étiquette.
Un shiaijo est
soit carré soit rectangulaire, avec des dimensions de 9m à 11m. Une
croix se trouve au centre, et deux lignes (50cm chacune) situées de
part et d'autre de la croix, à environ 1m50, signalent la limite à
laquelle doivent se placer les combattants. Il faut laisser de l'espace
autour de l'aire de combat pour que les arbitres puissent toujours se
placer de la meilleure manière possible pour observer les combattants.
Les 3 arbitres (le principal et les deux adjoints) rentrent sur le shiaijo en file indienne, l'arbitre principal en tête, saluent le shomen, puis se placent.
L'arbitre
principal dispose d'une moitié de l'aire, les adjoints d'un quart
chacun ; lorsque les combattants se déplacent lors du combat, les
arbitres doivent toujours, dans la mesure du possible, conserver ce
triangle en restant plus ou moins dans les aires imparties, tout en se
plaçant de manière à pouvoir voir correctement les actions des
combattants (donc, au moins un arbitre de chaque côté des combattants,
pour pouvoir voir le kote droit des deux adversaires).
Les combattants rentrent sur le shiaijo en faisant un pas, se saluent, puis viennent se placer juste derrière leur ligne au milieu en sonkyo après trois pas (comme pour le salut habituel).
Le shiai commence sur l'ordre de l'arbitre principal : hajime !
A la table d'arbitrage, une personne s'occupe du chronomètre,
l'arrêtant lorsque un arbitre interrompt le combat, le redémarrant dès
la reprise. Il lève son petit drapeau jaune en signalant la fin du
temps lorsque celui-ci est écoulé, et l'arbitre principal interrompt
alors le combat, s'il ne s'est pas terminé avant (deux ippon pour l'un des combattants).
Une
autre personne s'occupe de marquer les points sur un tableau (sauf que
là, on n'en avait pas), et quelqu'un d'autre relève les scores sur une
feuille pour enregistrer les résultats.
La feuille de score est un
tableau à double entrée pour les poules ; on écrit les points marqués
par un combattant dans la case correspondant à son combat, sur la ligne
(et non la colonne) où est écrit son nom.
Le premier combattant appelé est toujours rouge, son adversaire est
blanc (il s'agit, bien évidemment, de la couleur des rubans qu'ils
portent dans le dos : ceux-ci sont accrochés au croisement des cordons
du do, en passant les deux extrémités dans une boucle faite avec la partie centrale du ruban).
Pour
des poules de 3, l'ordre est le suivant : 1 contre 2, 1 contre 3, 2
contre 3 (le numéro 2 a donc de la chance, il peut reprendre son
souffle entre les deux combats).
Lorsque un des combattants marque un ippon (kikentai net, partie valable de coupe sur la partie valable de réception, zanshin après la coupe), les arbitres lèvent le drapeau corespondant à sa couleur.
Si un arbitre estime qu'il n'y a pas ippon lorsqu'un
des autres arbitres lève son drapeau pour un combattant, il agite ses
drapeaux en bas en les croisant (le rouge toujours devant le blanc). Si
deux arbitres lèvent leur drapeau pour un combattant, le point est
accordé, l'arbitre principal interrompt le combat, et annonce le point.
Le combat reprend pour un deuxième point sur l'ordre nihonme ! de l'arbitre principal.
Si
un combattant marque deux points de suite, le combat est terminé, si
son adversaire en marque un avant, une troisième manche se déroule
après l'interruption comme précédemment, sur l'ordre shobu ! de l'arbitre.
Lorsque un combattant a marqué deux points, le combat est terminé ; l'arbitre principal annonce shobu ari après l'annonce du point, les combattants rengainent en sonkyo, se relèvent et reculent de 5 pas, se saluent et sortent du shiaijo. Ils vont ensuite se saluer en dehors, pour se remercier du combat.
Une pénalité est donnée à un combattant dans les cas suivants :
- perte de son shinai
- sortie de l'aire de combat (au moins un pied dehors - pas seulement posé sur la ligne)
- comportement fautif (poussée excessive de l'adversaire pour le faire sortir, etc.)
L'arbitre
principal interrompt alors le combat, et réunit ses deux drapeaux dans
une main, s'approche du combattant pénalisé et lui annonce hansoku ikkai !
Ce dernier fait signe qu'il a compris, et le combat peut reprendre.
La
pénalité est signalée par un triangle dans la case du combattant sur
les tableaux ; si un combattant reçoit deux pénalités, à la deuxième (hansoku nikai) un ippon ari est accordé à son adversaire (qui gagne donc un point).
Les arbitres peuvent interrompre le combat pour diverses raisons, hors du marquage d'un point ou d'une sortie du shiaijo, par exemple pour séparer deux combattants restant trop longtemps en tsuba zeriai ; si un des combattants tient mal son shinai (la tsuru n'est pas en haut), l'arbitre s'approche, remet l'arme dans la bonne position, et le combat reprend après l'interruption (l'avertissement n'est en général donné qu'une fois - ensuite, tant pis pour vous si aucune de vos coupes n'est valable). Le combat est évidemment interrompu en cas de blessure ou accident.
Lorsqu'il y a un doute sur l'accord d'un point ou autre, les arbitres interrompent le combat et annoncent gogi : les combattants se retirent jusqu'à leur bord du shiaijo après avoir rengainé, et attendent en sonkyo ou seiza pendant que les arbitres se réunissent au centre et délibèrent.
Ils annoncent ensuite leur décision (hantei)
après que les combattants se soient remis en garde au centre (il s'agit
dans tous les cas, lorsqu'on se remet au centre, de la garde moyenne chudan comme d'habitude).
L'arbitrage c'est assez compliqué, et il y a beaucoup, beaucoup de
petits détails de règlement pour les tenues (par exemple, les arbitres
portent un pantalon gris, une veste bleu foncé, une chemise blanche,
une cravate bordeau, et des chaussettes bleues si possibles, le tout
uni, ou leur keikogo et leur hakama - non, la
couleur des sous-vêtements autres que les chaussettes n'est pas
spécifiée...), les dimensions de l'aire de combat, le matériel, etc.
Tout est très codifé, et j'ai pu faire des erreurs dans ce résumé...
Donc voilà le règlement officiel du CNK
où l'on peut apprendre toutes sortes de détails plus ou moins drôles
(saviez-vous qu'on a le droit de frapper son adversaire immédiatement
après qu'il soit tombé si ça arrive, et qu'on peut ainsi mettre un ippon ? Enfin, sans abuser évidemment, il ne s'agit pas de lui faire mal exprès non plus, c'est interdit ça aussi, heureusement).
Et maintenant, comme c'était très ennuyeux, quelques photos. Comme je ne combattais pas tout le temps, j'ai pu en profiter un peu pour m'amuser avec mon numérique.
On
voit ici deux combattants et les arbitres en position au début d'un
combat, et quelques spectateurs (à propos, ces derniers sont censés
s'abstenir de jouer les supporters de stade de foot pendant un combat :
pas de "vas-y, mors y l'oeil" ou insultes à l'adversaire de votre
combattant favori, hein...).
Les membres des équipes et les arbitres effectuent le salut shomen lors
du dernier combat (qui était donc par équipes, logique !) ; la photo
est un peu sombre, mais j'ai encore du mal avec les réglages de
l'appareil.
C'est tout pour cette fois.
En bref, l'arbitrage c'est compliqué,
mais c'est intéressant. Si si, ne faites pas cette tête - celle des
débutants quand Thierry leur expliquait le marquage des points dans le
tableau valait le détour ; j'imagine que j'avais probablement le même
air effaré lorsqu'on m'a présenté tout ça pour la première fois aussi,
mais en fait on s'habitue, et on apprend petit à petit... On devrait
faire des cours spéciaux comme celui-ci un peu plus souvent, ça permet
de se familiariser avec la compétition, et de s'entraîner un peu au shiai, qui a des particularités qui font qu'il est utile de s'y habituer.
Je posterai le résumé du cours de vendredi et de la compétition et du stage de ce week-end plus tard ; servir de cobaye aux apprentis arbitres pendant toute une après-midi, c'est fatigant, et demain il y a la compétition, alors j'ai intérêt à me reposer.
Si je suis aussi performante que d'habitude en compétition, je devrais avoir l'occasion de prendre beaucoup de photos (hahaha...), comme ça il y en aura peut-être un peu plus de potables...