Vendredi 13 mai 2005
Hé oui, comme je le craignais, j'ai encore du faire subir à mes pauvres petits camarades une tentative d'entraînement ; heureusement je n'étais pas seule cette fois, Camille (1er kyu aussi), Yumiko (1er dan, mais la dernière fois elle n'a pas voulu s'y coller), et Catherine (2e dan, c'est la fête !) ont participé à la bonne marche de cet entraînement, qui s'est donc fait en collaboration, en quelque sorte, une sorte de cours à euh... beaucoup de mains.
Par ailleurs, il y avait cours mardi, mais partiels obligent, je n'ai pas eu le temps de faire un résumé... On a encore travaillé ikki men, c'était rigolo ; d'ailleurs je n'y arrive pas trop mal à ce qu'on m'a dit, ça fait plaisir, mais comme je disais, il faudrait déjà que j'apprenne à aller en avant plutôt qu'en arrière... Enfin, c'est toujours ça de pris.
Bon, cette disgression mise à part...
Aujourd'hui, échauffement classique sur un peu plus d'un quart d'heure : quelques tours de salle en courant, puis on passe en pas glissé jambe droite devant, puis jambe gauche, on alterne plusieurs fois ; ciseaux des bras en marchant, horizontaux puis verticaux ; on s'arrête, on se met en cercle, et on étire la jambe arrière en fente avant, un pied puis l'autre ; rotations des chevilles ; quelques flexions des genoux, on étire un peu le dos ; rotations des hanches, puis de la nuque.
On prend ensuite son boken, pour faire quelques jogeburi en pensant bien à faire des gestes amples, le haut du corps détendu, sans crisper les épaules pour bien monter le sabre et le descendre jusqu'en bas, sans se pencher, le regard toujours au loin devant (ne pas suivre la pointe du sabre des yeux).
Dans la même idée, on passe à nanameburi, avant-arrière comme pour le précédent, puis suburi (donc à hauteur de men cette fois).
L'échauffement fini, après le salut, on passe à une série de kihon au boken (avec quelques cafouillages ; je me suis aperçue après avoir fait faire une série que je ne l'avais pas fait faire dans les deux rôles, c'est bête... à trop se concentrer sur des détails, on oublie le principal).
Série classique : shomen, hidari men, migi men, kote, do, tsuki.
D'abord en sankyodo : on prend bien garde, après avoir armé, de ne pas laisser tomber le sabre en arrière en "prenant de l'élan" avant de le relancer devant. Il est déjà armé, il suffit de l'abattre, tchac !
En ikkyodo ensuite, en faisant attention cette fois à ne pas saccader le mouvement : armer et couper doivent former un seul et même mouvement fluide, sans temps mort sur l'armer.
Après plusieurs séries de tout ça, nous sommes passés aux kata. Je pensais faire les 5 premiers, mais nous nous sommes concentrés sur les 3 premiers, ce qui n'est déjà pas si mal (surtout quand on connaît la difficulté du 3e).
On commence par le premier (logique...) ; je montre avec Camille quelques fois, avec quelques petites explications. Heureusement, la plupart des présents le connaissent relativement bien. Tout le monde travaille, les anciens apportent quelques corrections ici et là de temps en temps.
Quelques erreurs à ne pas faire fréquemment trouvées, en vrac :
- sur jodan, faire attention à ne pas laisser sa pointe tomber vers l'arrière : la main gauche doit toujours être plus basse que la main droite.
- quand uchidachi attaque men, ne pas faire un petit geste, mais vraiment y aller franchement en grande amplitude, bien jusqu'en bas ; si shidachi ne bouge pas, on retrouve deux moitiés symétriques (c'est difficile avec un boken, je vous l'accorde).
- comme pour le kihon, lorsqu'on attaque à partir de jodan, on prend bien garde à abattre le sabre directement, et non à prendre de l'élan en laissant tomber la pointe derrière.
- shidachi doit vraiment esquiver l'attaque men de uchidachi : un grand pas vers l'arrière est nécessaire, sans oublier de bien monter les mains vers le haut en tirant sur les bras au maximum, comme pour piquer le ciel ; sinon, pan sur les doigts.
On passe ensuite au deuxième kata, plus facile, heureusement, que les autres ; ça nous reposera avant le troisième...
Celui-ci aussi est relativement bien connu des débutants, et assez facile à assimiler, tant qu'on n'oublie pas quelques points clés et autres détails :
- l'esquive de l'attaque kote d'uchidachi par shidachi doit, là encore, être complète : un pas en hiraki ashi, si je ne me trompe pas de nom - bref, on se déplace de façon suffisante sur le côté et en arrière en n'oubliant pas de modifier l'axe en positionnant le pied gauche en oblique et en alignant bien les hanches (ainsi, on garde le centre et l'adversaire le perd).
- dans l'esquive toujours, on pense bien à tirer les mains vers le bas et vers soi ; on ne les monte surtout pas.
- au début, on pense (comme en règle générale, en fait) bien à arriver pointe à pointe, en contact (sans exagérer - pas de croisement) ; une certaine pression doit exister, de façon naturelle, à cause de l'épaisseur du boken, et parce qu'on cherche à prendre le centre (inutile de pousser sur l'arme du partenaire).
Celui-ci étant relativement vite assimilé, on passe au troisième, et les ennuis commencent... Après plusieurs démonstrations, on détaille un peu quelques mouvements, notamment les blocages d'uchidachi, qui laissent à peu près tout le monde perplexe. Mais on finira par y arriver, si si. Allez, restons motivés.
Donc, quelques trucs auxquels faire attention, qui peuvent aider (ou pas), et autres détails :
- comme pour le deuxième, attention : gedan, ce n'est pas un casser de garde, les deux choses sont différentes ; lorsqu'on casse la garde, on cesse toute menace, on présente le flanc du sabre, ce qu'on ne fait surtout pas en gedan, qui est une garde.
- pour les blocages de tsuki que fait uchidachi, bien penser à passer sa lame sous celle du partenaire, et non pas par-dessus (sinon ça ne marche pas, on n'a pas le temps - heureusement qu'on a fini par me l'expliquer pendant le stage il n'y a pas longtemps, je me demandais toujours pourquoi j'avais tant de mal à faire ces satanés blocages, si tant est qu'on puisse appeler ça comme ça, vu qu'il s'agit plus de dévier la pointe que d'entraver la progression de l'adversaire).
- autre point souligné par le sensei lors du stage : le premier tsuki de shidachi s'effectue bien avec les mains, mais le deuxième est simplement une affirmation avec les hanches (pas de mouvement de mains) ; et à ce propos d'ailleurs, tsuki ne se fait pas en reculant les mains avant de les ré-avancer (inutile de prendre de l'élan), mais en envoyant directement les mains en avant, dans le prolongement de chudan (pas de mouvements inutiles, comme toujours).
Bref, voilà. Il y a encore des milliers de trucs à savoir, mais on fait ce qu'on peut, en ajoutant des éléments petit à petit. Quelques points généraux à ne pas oublier pour tous les kata, toutefois :
- c'est uchidachi qui dirige l'exercice : shidachi ne doit pas oublier d'attendre les départs d'uchidachi, et ne pas se précipiter et le devancer.
- ce n'est pas parce que c'est un kata qu'on peut se permettre d'oublier les positions et les déplacements fondamentaux, au contraire : il est hors de question de marcher, on reste en pas glissé, et pas de talons au sol !
- il paraît que dans la dernière mouture officielle, il faut maintenant dégaîner son boken comme si c'était un vrai sabre (ou presque) : dégager au moins les deux tiers de la lame, comme si on sortait l'arme du fourreau, au lieu de la mettre en position simplement comme avant (mais pas comme avant avant, où c'était différent, ni comme encore avant, où c'était comme ça je crois - le jour où ils en auront assez de changer, ils préviendront... Ceci dit, c'est peut-être bon signe : le kendo est un art martial qui reste vivant, puisqu'il change - sans exagérer non plus, j'espère).
Après tout ça, on n'avait guère plus le temps de mettre l'armure, donc sur la proposition de Catherine, on a fait une fin de cours typiquement japonaise : suburi.
20, puis 50, puis 100 d'affilée... D'ailleurs, comme on s'est trompés pour les 50 et qu'on en a fait 40 seulement, on a recommencé en en faisant bien le bon nombre cette fois... Pfou.
Bon, on reprenait notre respiration entre les séries quand même hein (exercice de respiration - trou de mémoire, me rappelle plus du nom).
Au final, encore une expérience enrichissante, même si ça faisait bizarre. C'est là qu'on admire l'aisance de nos professeurs expérimentés à improviser et adapter à chaque fois, le tout donnant un cours suivi et cohérent. Parce que là, ça flottait un peu ; mais bon dans l'ensemble, l'énergie et la concentration étaient bonnes, et apparement ils n'ont pas trouvé ça si mal.
Même quand on a une idée de ce qu'on veut faire, enchaîner le tout de façon fluide n'est pas évident. Enfin, je suppose que ça vient avec l'expérience. Il faut aussi (un défaut que j'ai malheureusement) faire attention lorsqu'on corrige à bien se concentrer sur quelques petites choses essentielles à la fois ; si on essaie de trop corriger de choses d'un coup, tout le monde s'embrouille... Bref, être perfectionniste c'est bien, mais il faut savoir doser la progression et savoir ce qu'on peut exiger au fur et à mesure, mettre les choses en place petit à petit.
C'est comme pour le kata tiens ; il y a plusieurs étapes à franchir, petit à petit (mais en même temps aussi ; il ne faut pas complètement négliger un point en se concentrant sur l'un avant de passer au suivant) à ce que j'en ai trouvé, du moins :
- d'abord, savoir le scénario ; le répéter jusqu'à le connaître parfaitement, et pouvoir réaliser les mouvements sans hésiter ou devoir réfléchir
- ensuite corriger les erreurs diverses de position, déplacement, mouvements, etc. dans l'ordre d'importance ; d'abord le principal, puis les détails (ne pas négliger les détails - ce sont les détails qui font la perfection !)
- l'intention doit toujours être présente, une fois débarassé des erreurs les plus grossières ; un kata se vit, ce n'est pas une succession de mouvements sans âme, dans le vide ; il faut trouver des rythmes
- finalement, on oublie le scénario pour vivre le kata : kata et geiko, même combat...
Un kata est un combat, plus encore même qu'un combat en armure avec un shinai ; il ne doit pas être différent d'un geiko ou d'un shiai, sinon en étant encore plus intense. Après tout, on retrouve là les origines du kendo, on est beaucoup plus proche du kenjutsu.
En kata, point de droit à l'erreur ; la moindre serait fatale... s'il s'agissait d'un vrai duel, évidemment. Car les kata sont faits pour apprendre - et aussi pour ne pas oublier.